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Fire Raging

Titre 4

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Actualités Juridiques et Médicales

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Larger than life is the aim
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François BIQUILLON
2025 02 14

À PROPOS

LE GYNÉCOLOGUE FOU

Roman

 

 

François BIQUILLON

 

 

 

 

« Cette histoire est vraie puisque je l’ai inventée »

Boris VIAN

 

 

« Cette histoire est vraie puisque je l’ai vécue »

Franck SCHNEIDER

 

 

 

 

Romeo

If I profane with my unworthiest hand
This holy shrine, the gentle sin is this:
My lips, two blushing pilgrims, ready stand
To smooth that rough touch with a tender kiss.

Juliet

Good pilgrim, you do wrong your hand too much,
Which mannerly devotion shows in this;
For saints have hands that pilgrims' hands do touch,
And palm to palm is holy palmers' kiss. »

 

Roméo

Si je profane d’une main indigne

Ce sanctuaire sacré, ma pénitence sera légère :

Mes lèvres, pèlerins rougissants, se tiennent prêtes

À adoucir cette rude caresse d’un tendre baiser

 

Juliette

Gentil pèlerin, tu es bien injuste avec ta main,

Qui fait preuve de bonnes manières dans sa dévotion,

Car les mains des pèlerins touchent les mains des saintes

Et c’est paume contre paume que se forme leur baiser.

 

William Shakespeare - Roméo et Juliette

PRÉAMBULE

 

 

Christina est une jeune femme heureuse, en tout cas elle fait tout pour le paraître. Son mari, Franck, ingénieur et chef d’entreprise a 22 ans de plus qu’elle. Cela fait plus de 20 ans qu’ils sont ensemble et 10 ans qu’ils sont mariés. Ils habitent un petit manoir en Normandie et exploitent ensemble une société de conseil aux entreprises, dans le domaine de l’innovation. Christina n’a qu’un regret, ne pas avoir d’enfant. Elle a quelques problèmes de santé sans grandes conséquences sur sa vie quotidienne. Depuis qu’elle est enfant, des bleus et des ecchymoses apparaissent presque spontanément, à la moindre sollicitation. Elle tient cela de sa mère et son frère présente la même tendance à développer des bleus très facilement.

En 2009, elle décide d’arrêter la pilule contraceptive dans l’espoir de tomber enceinte de son mari. Cela ne fonctionne pas. Au départ, elle ne s’inquiète pas et attribue le dysfonctionnement de son organisme au fait qu’elle a pris la pilule pendant 7 années consécutives. Il est bien connu que la pilule détraque les organismes et qu’il faut un peu de temps pour qu’il se remette à fonctionner normalement.

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Nous sommes le 18 juin 2022. Paul McCartney fête ses 80 ans aujourd’hui. J’en ai 68, bientôt 69 (année érotique) et je viens de terminer la lettre que je m’apprête à poster, en recommandé avec avis de réception, à Madame le Juge d’instruction.

 

« Madame le Juge,

 

J’ai l’honneur par la présente de demander la mainlevée de l’assignation à résidence sous contrôle électronique (ARSE) ordonnée le 6 mai 2021 par la Chambre de l’Instruction de la Cour d’appel pour une durée de 6 mois puis prolongée à deux reprises pour 6 mois.

 

À ce stade de votre instruction, plus rien ne justifie cette mesure de privation de liberté.

 

L’audition du 4 mai 2022 de mon épouse Christina est particulièrement explicite et ne présente pas la moindre ambiguïté : en réponse à vos questions, elle affirme que je ne suis l’auteur d’aucune des infractions pour lesquelles j’ai été mis en examen.

 

Tous les courriers de mon épouse Christina qui sont cotés au dossier pénal, sans exception, me disculpent.

 

Comment justifier aujourd’hui la privation de liberté qui m’est imposée alors que personne ne se plaint des infractions qui me sont reprochées ?

 

Tous les témoins ayant été entendus, le risque de pression n’existe pas car devenu inopérant.

 

Le risque de réitération n’a jamais existé car je conteste les faits qui me sont reprochés, tout comme mon épouse. Comment réitérer ce qui n’a jamais eu lieu ?

 

Cette mesure de privation de liberté me désocialise et m’empêche de mener à bien les actions indispensables à la survie et au développement de la société dont je suis le directeur opérationnel et le gérant.

 

Vous m’avez entendu le 3 mai 2022 ; j’ai répondu à toutes vos questions et vous ai fait parvenir récemment des précisions essentielles par courrier, afin de vous soumettre plusieurs hypothèses médicales aux différents symptômes observés sur le corps de mon épouse et mettre en évidence l’absurdité des accusations de violences exprimées par le corps médical de l’hôpital pour expliquer ces symptômes.

 

Après le 16 juillet 2020, les bleus et les hématomes ont d’ailleurs continué à apparaître sans qu’aucune raison évidente, autre que les activités habituelles, ne les explique. Il est certain que l’on ne pourra pas m’attribuer la paternité des bleus apparus depuis mon arrestation puis mon assignation à résidence chez ma fille. Je serais curieux de savoir comment les médecins qui m’ont accusé, expliquent ce phénomène. … etc.

Vous remerciant par avance de l’attention que vous porterez à la présente et des suites que vous voudrez bien lui réserver,

Je vous prie d’agréer, Madame le Juge, l’expression de ma très haute considération.

Franck SCHNEIDER »

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1

L’ARRESTATION

 

Nous sommes le 16 juillet 2020 ; il fait grand soleil. J’arrive devant l’hôpital où ma femme, Christina, est hospitalisée depuis le 1er juillet. Elle doit sortir aujourd’hui, seulement, alors que l’opération bénigne initialement prévue en ambulatoire, devait permettre une sortie le jour même, donc le 1er juillet 2020. Retirer une aiguille de couture du périnée sur laquelle elle s’était assise accidentellement en sortant de sa douche ne semblait pas bien compliqué !

Mais l’opération avait duré 2 heures au lieu des dix minutes prévues. Le chirurgien, le docteur Christopher CROSS, ne trouvant pas l’aiguille, avait ouvert plus largement en partant de la vulve en direction de la fesse droite, au travers du périnée postérieur.

L’aiguille avait pourtant été identifiée, mesurée et clairement positionnée sur la radiographie, une aiguille de 15 millimètres plantée à 6 millimètres sous le plan cutané périnéal droit.

Lorsque Christina, un peu paniquée, était descendue précipitamment de notre chambre pour me parler du problème, j’avais senti avec le doigt l’aiguille en question juste sous la peau, à la limite de la fesse droite et du périnée. Impossible de la retirer !

Je lui avais alors conseillé de consulter rapidement son gynécologue, le docteur Charles ABRAHAM. Nous étions en novembre 2019. Le médecin lui prescrivit une radiographie qui fut effectuée le 27 novembre 2019. On y voyait parfaitement l’aiguille sous la peau du périnée, à droite.

Ensuite, il tergiversa, ne sachant pas quoi faire exactement. Christina le consultait presque chaque mois, mais aucune décision n’était prise.

Finalement vers le mois de mai 2020, il lui recommanda d’aller aux urgences de l’hôpital afin d’envisager une opération chirurgicale pour extraire l’aiguille. Les urgences la réorientèrent vers un chirurgien plasticien et esthétique, le docteur Christopher CROSS.

Après examens, rendez-vous fut pris pour l’opération d’extraction le 1er juillet 2020.

Les conséquences de cette opération furent dramatiques : douleurs importantes, cicatrice de 7 à 8 centimètres, risque de gangrène de Fournier, hospitalisation prolongée, traitements médicamenteux lourds.

Christina et moi avions vécu cette séparation de plus de deux semaines assez difficilement. Nous formons un couple quasi fusionnel et faisons presque tout ensemble sauf les nombreuses visites chez ses parents à qui elle consacre beaucoup de temps.

C’est donc avec une joie non dissimulée que je m’apprête à stationner ma Tesla Model S juste devant l’entrée piétons de l’hôpital, avec cependant une petite inquiétude sur le montant de la facture que j’aurai à régler avant la sortie de Christina.

Cet emplacement libre pour me stationner est vraiment miraculeux !

 

J’aurais dû me méfier.

À peine sorti de la voiture, j’enfile ma veste légère, quand soudain un type patibulaire, mal rasé, à l’allure négligée, sale, se précipite sur moi, me saisit les bras assez violemment et me passe des menottes, mains derrière le dos.

Ma première pensée est que je suis victime d’une agression en pleine rue !

La décharge d’adrénaline est telle que mon cœur accélère et part brusquement en troubles du rythme. Il cogne dans tous les sens à 150 battements par minute. Je me sens très mal. Ma pression artérielle doit être au plus haut. Je ressens une douleur à la poitrine.

Le type patibulaire hurle que je suis placé en garde à vue et me demande si je comprends bien. Il ne me lit pas mes droits comme cela se passe au cinéma. Mais, c’est vrai que nous sommes en France ; les droits de la défense, c’est très secondaire.

Reprenant un peu mes esprits, je lui demande de ne pas me toucher ; nous sommes en période de Covid ; cela le met dans une colère noire ; il hurle encore plus fort.

Puis on me montre très rapidement un document où il est question de viols, de viols en réunion, d’actes de tortures et de barbarie et je ne sais quoi encore.

Je suis abasourdi, en état de sidération. Mon cœur ne ralentit pas.

Puis j’ai une pensée pour Christina. La pauvre doit s’inquiéter ! Je demande alors qu’on la prévienne de mon placement en garde à vue. J’apprendrai plus tard qu’elle a très mal réagi à cette annonce. Elle s’est effondrée, anéantie.

Après la fouille de mon véhicule et m’avoir retiré tout ce que j’ai dans les poches, on me conduit jusqu’à une voiture de police banalisée, en triste état, sale, à l’image de son conducteur, le flic patibulaire. Je lui en fais la remarque. Il me répond très agressivement qu’il n’a pas les moyens de rouler dans une voiture de ministre, comme moi. J’aurais pu lui répondre qu’aucun ministre ne roule en Tesla, ce que je déplore, mais que cela ne l’empêche pas de nettoyer son véhicule de fonction, mais je m’abstiens. Visiblement, ce gars n’a pas le sens de l’humour et il me semble qu’il peut s’avérer dangereux.

Mal assis, à l’arrière de sa voiture pourrie, je lui demande de desserrer les menottes derrière mon dos car elles entament ma peau et j’ai très mal. Il m’envoie littéralement chier. Je garderai les traces des menottes sur mes poignets pendant plusieurs semaines.

Je vais donc devoir subir cette torture, assis de travers avec les mains attachées derrière le dos pendant une heure jusqu’à mon domicile en Normandie où nous nous rendons pour une perquisition.

Une policière, l’air un peu plus avenante que le flic patibulaire s’assoit à côté de moi. Un flic, plus jeune, peu causant, s’assoit à l’avant. Une autre voiture banalisée remplie de flics transparents dont aucun mot ne sortira de la bouche, suit.

Pendant le trajet, Christina m’appelle sur mon téléphone à de nombreuses reprises. Je demande à la policière qui l’a en mains, de répondre. Elle refuse catégoriquement.

À ce moment, j’ai encore l’espoir que tout va s’arranger. La situation est tellement absurde ! Une fois que je me serai expliqué, ils comprendront qu’il y a méprise. L’horrible malentendu sera dissipé. Je ne me doute pas que j’ai déjà changé de statut. Je suis dorénavant un monstre dangereux qu’il faut maintenir en détention. Pour eux, c’est une certitude.

Nous approchons de la destination. « Après le rond-point, c’est tout droit, arrêtez-vous au grand portail noir sur la droite » dis-je au conducteur. Ne tenant pas compte des mes indications, il accélère au lieu de ralentir au niveau du portail de notre maison. J’insiste et là, il se met en colère « Baissez d’un ton, Monsieur ! Je ne suis pas votre employé ! »

Je décide alors de le laisser se débrouiller tout seul et de rester silencieux.

Il se met alors à merdoyer, s’engageant dans un demi-tour sur une voie en sens interdit et finit par s’arrêter devant le portail. Après plusieurs tentatives infructueuses, le portail s’ouvre enfin ; oh miracle, il a trouvé comment se servir de l’émetteur.

Il gare sa voiture poubelle dans le jardin et nous descendons. Après m’avoir fait promettre que je ne tenterais rien, j’imagine pour m’échapper, il m’ôte les menottes. Ce n’est pas l’envie de lui asséner un bon coup de poing au menton qui me manque, c’est la force. Je suis épuisé et ils sont beaucoup trop nombreux. Il n’y a rien de pire que de se sentir à la merci d’une bande d’abrutis aussi violents que cons.

Je suis chez moi mais entouré par 6 ou 7 flics.

La perquisition peut commencer.

 

 

2

LA PERQUISITION

 

Sous le soleil de juillet, le manoir et ses dépendances ont fière allure. En pleine ville, avec tout le confort moderne, les bâtiments sont nichés dans la verdure d’un grand jardin fleuri et planté d’immenses tilleuls presque bicentenaires.

Les flics ont l’air moins sûrs d’eux, moins triomphants, un peu tassés sur eux-mêmes. Sont-ils impressionnés ? Peut-être … Leur habitation à loyer modéré leur semble-t-elle un peu minable ?

Le flic patibulaire s’est enfin calmé et veut savoir combien coûte cette propriété. Je lui donne un ordre de grandeur sans autre précision. Plus que de l’admiration, je ressens chez lui une haine envieuse dans le regard.

Il me prend pour barbe bleue. Nous pénétrons donc dans l’antre du monstre.

 

-----   §§§§§   -----

 

Je recommande aux flics de prendre garde à ne pas laisser sortir notre chatte, Lisa, car elle pourrait être prochainement en chaleur et nous ne souhaitons pas qu’elle ait une nouvelle portée. Par contre, je ne veux pas que notre chat, Basile, que j’ai laissé intentionnellement dehors, rentre, pour la même raison.

Nous faisons le tour de la maison. Dans le bureau, ils saisissent les ordinateurs de la société ou les disques durs. Ils fouillent toutes nos affaires, en prennent certaines, en laissent d’autres sans que je comprenne ce qu’ils cherchent.

Dans notre chambre, c’est l’horreur ; ils retournent les affaires personnelles de Christina, ses sous-vêtements, ses robes, ses chemisiers. Les flics sont sales ; ils sont obscènes. Je ressens cette agression contre l’intimité de Christina comme un véritable viol. À cet instant, ils me dégoûtent.

Le plus jeune flic, le taiseux, se saisit dans un tiroir de la commode de Christina, de vêtements de dessous, délicats, en soie ou en satin. Il les tripote, les examine avec une certaine délectation puis les jette négligemment sur la moquette, là où il vient de poser ses chaussures dégueulasses.

Je suis outré mais je me tais. Je ramasse les habits et les place sur la chaise à côté de la commode.

L’autre policier, le patibulaire, a trouvé un T-shirt « Hello Kitty ». Il s’étonne qu’une adulte possède des vêtements qu’il qualifie d’enfantin et m’en fait la remarque. Je lui réponds que je ne vois pas en quoi cela pose problème. La policière, en spécialiste autoproclamée du style enfantin, surenchérit. Ne sachant que répondre à ces critiques futiles, dont je ne comprends pas la motivation, je me tais.

Passant du coq à l’âne, elle me demande ensuite si nous possédons des sex-toys. Je lui réponds que non. Ils continuent à fouiller mais ne trouvent rien d’intéressant : aucun sex-toy, aucun instrument de torture, aucun matériel médical, rien !

Ils ont l’air étonnés, voire un peu déçus. Nous montons au deuxième étage.

En arrivant dans l’espace de Christina, la « family room » où l’on trouve un salon, un home cinema, une console de jeux, une table à repasser, la tristesse m’envahit. Je pense à Christina qui souffre seule à l’hôpital. Quand la reverrai-je ? Son absence me fait très mal.

Le patibulaire, dans un brusque accès d’humanité et sentant peut-être mon vague à l’âme, me dit « C’est son espace ? ». Je lui réponds « oui ». La douleur est vive. Je l’aime tant !

Il remarque ensuite les crucifix que Christina a placés un peu partout dans la maison et me demande si je suis croyant. À nouveau, je réponds simplement « oui ».

Nous finissons par redescendre. Je passe par notre chambre afin de jeter un œil sur l’état dans lequel les policiers l’ont laissée. À nouveau, je ressens une immense tristesse en pensant à Christina qui devra nettoyer et ranger les affaires auxquelles elle tient tant. Je ramasse un haut qui traîne parterre et je m’éloigne à regret.

En bas, je constate que notre chatte Lisa s’est échappée. Les policiers n’avaient que faire de mes recommandations. Je suis au plus mal.

Plus tard, j’empêche Basile, notre chat mâle, de rentrer. Il ne comprend pas.

Finalement, ne sachant pas quelle tournure allait prendre les événements, je préfère savoir les deux chats dehors. Ils seront libres et pourront se nourrir. Je demande l’autorisation de leur mettre une bonne réserve de nourriture et d’eau minérale dans le jardin. Une fois que c’est fait, je referme la porte-fenêtre et la verrouille, sans avoir conscience que je ne reverrai pas ma maison de sitôt.

Nous remontons dans la voiture poubelle. J’ai droit à une faveur : être menotté les mains devant !

 

 

3

LA GARDE À VUE

 

Après un trajet sans problème, en silence, nous arrivons dans un endroit très fermé, entouré de grilles très hautes aux barreaux bien épais dont j’apprendrai plus tard qu’il se nomme « le dépôt ». Je ne sais pas ce qu’on y dépose mais visiblement ses occupants ont très peur de tout ce qui pourrait venir de l’extérieur. Les cités environnantes abritent-elles des éléments qui leur sont très hostiles ?

À cet instant, je n’ai pas encore à l’esprit une envie de révolution ; cela viendra bien plus tard, une envie de révolution sanglante avec des têtes qui sautent. Je comprendrai alors, sans l’excuser, comment on devient djihadiste en France. Notre système, profondément injuste, imbécile et raciste, fabrique lui-même les monstres qui nous terrorisent.

Les hautes grilles s’ouvrent et nous pénétrons dans cet endroit très mystérieux pour moi et franchement inquiétant. Cela me fait penser au camp de concentration aménagé à l’École de Mécanique de la Marine à Buenos Aires, dans les années 1970 lors de la dictature militaire argentine.

Je pénètre dans le bâtiment et me retrouve soudainement au milieu d’une meute de policiers en uniforme, sinistres, le regard bovin, dont il est difficile de cerner la nature des occupations. Ils sont là, c’est tout. J’ai l’impression qu’ils me regardent sans me voir ; je suis transparent, un simple criminel de plus en ces lieux. J’ai peur. Mon cœur bat toujours aussi fort et dans le désordre le plus complet.

On me place alors dans une sorte de grande cage, affreuse, sale, écœurante. Il y a deux matelas en plastique, l’un posé sur une banquette étroite en ciment, l’autre à même le sol ainsi que deux couvertures crasseuses. On m’a retiré mes basquettes ainsi que ma ceinture. Je me sens complètement perdu, déboussolé. Je constate ensuite qu’il y a d’autres cages, de part et d’autre de la mienne en demi-cercle autour d’un îlot central derrière lequel se trouve un autre bovin en uniforme. Il s’absente souvent et de temps à autre un prisonnier hurle et tape sur les barreaux de sa grille pour pouvoir aller aux toilettes. Le bovin prend son temps pour arriver, l’air maussade.

Les toilettes, à la turque, ne ferment pas ; il me semble même qu’elles n’ont pas de porte. Il faut s’y rendre pieds nus, enfin en chaussettes. Fort heureusement mon intestin s’est bloqué et je n’absorberai aucune nourriture en 2 jours, me contentant de boire de l’eau au robinet après avoir hurlé et tapé, comme les autres, pour qu’on me laisse étancher ma soif. Je n’aurai ainsi que de l’urine à évacuer, à distance, sans mettre les pieds sur les emplacements humides, à la propreté douteuse, prévus à cet effet. De toute façon, la nourriture est immangeable et je n’aurai droit à rien le premier jour.

J’attends avec impatience d’être interrogé pour éclaircir la situation et dissiper tous les malentendus, pensant naïvement être libéré rapidement. Mais rien ne vient. Je ne comprends pas pourquoi on me laisse dans cette cellule alors que la durée d’une garde à vue est limitée en France. Cette perte de temps est incompréhensible. J’ai toujours mal à la poitrine.

Après quelques heures d’attente, je suis extrait pour rencontrer un psychiatre puis un médecin dont j’avais demandé explicitement la consultation à cause de mes problèmes cardiaques. C’est une femme avec un accent étranger, douce et sympathique. Elle m’ausculte, mesure ma pression artérielle et m’annonce que ne peux pas rester en garde à vue dans cet état. Je suis en arythmie et la pression artérielle est tellement élevée qu’elle refuse de me donner le résultat de ses mesures, pour ne pas m’inquiéter. Elle prescrit donc une hospitalisation immédiate et ordonne une suspension de la garde à vue. À cet instant, je me dis que mes problèmes sont résolus. Je me trompe lourdement.

Il a donc fallu attendre plus de 8 heures dans une geôle insalubre pour que l’on prenne en compte le problème médical urgent dont je suis victime.

Il fait déjà nuit quand on m’annonce mon transfert vers l’hôpital Foch. J’y suis mené, tambour battant, menotté dans le dos, bringuebalé à l’arrière d’une camionnette de police conduite par un fou furieux qui n’a que faire du code de la route. À grands coups de sirène et de klaxon, en sens interdit, grillant les feux tricolores et en excès de vitesse, nous arrivons enfin. Je suis soulagé.

Pour la consultation, je reste enchaîné. L’accueil est plutôt froid. « Les criminels méritent-ils d’être soignés ? », tel est mon ressenti par rapport aux réactions du personnel. Le médecin de garde, une femme sans âge et sans aucun charme, manifeste sa mauvaise humeur : « Ils ne peuvent pas s’occuper eux-mêmes de leurs cas ? » maugrée-t-elle sans me regarder. J’avoue que je ne comprends pas. Si les tortionnaires se transforment en médecins, où va-t-on ? J’espère que l’on ne va pas me présenter le docteur Mengele !

Je suis allongé sur un lit, toujours attaché, et même attaché au lit. En silence, sans un mot de réconfort, on me pose des électrodes pour enregistrer les signaux électriques de mon cœur, ce que l’on appelle couramment un électrocardiogramme, j’en ai l’habitude. On me pose également une perfusion et un dispositif pour enregistrer la pression artérielle à intervalles réguliers. On m’administre des produits pour faire baisser la pression artérielle et régulariser le rythme cardiaque, probablement de la Cordarone.

Après des heures à souffrir autant psychologiquement que physiquement, les choses reviennent progressivement à la normale. Je suis quand même secoué. Sur le compte rendu que l’on me remet, je constate que le cœur a souffert : cela se traduit par une élévation significative de la troponine. C’est la première fois que cela m’arrive. Même lors de mon syndrome coronarien aigu en 2010, à la limite de l’infarctus du myocarde, la troponine n’avait pas augmenté. Il avait tout de même été nécessaire de me poser 3 stents au cours d’une coronarographie révélant des sténoses significatives des artères coronaires.

On me remet également une ordonnance modifiant mon traitement : remplacement de l’antiagrégant plaquettaire (Kardegic 75mg) par 2 comprimés par jour d’anticoagulant (Eliquis 5 mg) pour éviter un AVC susceptible d’être provoqué par les troubles du rythme et ajout d’un comprimé par jour de Cordarone pour éviter les troubles du rythme. L’antihypertenseur Coversyl n’apparaît plus. J’en fais la remarque mais on m’envoie balader. Ils sont très pressés de me voir déguerpir.

Me voilà de retour dans la camionnette, conduite par le même fou furieux, peut-être un peu plus calme qu’à l’aller. Il est près de minuit.

De retour dans la cage crasseuse, j’ai manqué le repas du soir. Depuis le 16 juillet 2020 au matin, je n’ai rien mangé. Mon estomac crie famine mais étonnamment, je n’ai envie de rien. J’essaye donc de dormir, tout habillé, sur le matelas au sol utilisant l’une des couvertures comme oreiller. Bien évidemment il est hors de question de faire un brin de toilette et de se brosser les dents. Ce n’est pas prévu par le règlement intérieur de l’établissement. Ici, tout n’est que dénuement, angoisse et répugnance. Vu l’état de saleté de la cellule, je me demande si je ne vais pas attraper des poux, des puces, voire des morpions ou la gale. La lumière reste allumée. Ce n’est pas facile de dormir dans ces conditions. Sommes-nous en France ou ai-je été transporté dans quelque pays sous-développé dirigé par un dictateur ?

Quand cette torture va-t-elle s’arrêter ?

 

Le lendemain, le 17 juillet 2020, je suis à nouveau extrait de ma cage puis mis en présence de mon avocat, le premier que j’ai trouvé, avec qui j’étais en affaire pour quelques litiges commerciaux dont il s’était plutôt bien sorti. Faute de mieux, j’ai donc fait appel à lui, contre la recommandation des flics, qui pour le coup avaient raison, « plutôt que de prendre un non-pénaliste, prenez un avocat commis d’office. »

Les fruits de mon expérience sont non négligeables. Dans une telle situation, il a 3 principes simples à appliquer :

  1. Sauf si vous connaissez un avocat pénaliste compétent, prenez un avocat commis d’office ; il connaît très bien la procédure et fera tout pour que vous vous en sortiez au mieux. Et surtout, il ne vous coûtera pas cher !

 

  1. Face aux enquêteurs, ne parlez pas. Ne pensez pas pouvoir vous expliquer simplement avec ces crétins. Tout ce que vous direz sera déformé et utilisé contre vous. Invoquez votre droit au silence et réservez votre parole pour le juge d’instruction, d’un niveau beaucoup plus élevé que le flic moyen même sans uniforme et avec l’étiquette OPJ, c’est-à-dire Officier de Police Judiciaire. Ce terme très flatteur d’officier ne signifie pas qu’il a fait des études supérieures le promettant à une carrière prestigieuse dans l’armée ou la police. Ce n’est en général qu’un sans grade, souvent illettré et parfois complètement con.

 

  1. Préparez avec soin, avec l’aide de votre avocat, l’interrogatoire que vous aurez avec le Juge d’instruction.

 

Que l’on pourrait résumer par les qualités suivantes : 1. L’humilité 2. La patience 3. Le travail.

Il faut avoir l’humilité d’accepter un avocat commis d’office, pas cher, en général jeune, frais émoulu de l’école des avocats donc à jour des connaissances indispensables en particulier dans le domaine pénal.

Il faut avoir la patience d’attendre le bon moment pour développer sa défense. Croire que l’on pourra s’en sortir pendant sa garde à vue est illusoire.

Travailler intensément à sa défense avec l’aide d’un spécialiste.

 

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Pourquoi les flics français me laissent-ils cette sensation très désagréable d’avoir affaire à d’authentiques salauds, c’est-à-dire de représentants méprisables de l’espèce humaine, d’individus moralement répugnants qui pourtant agissent ou croit agir légitimement, au nom d’une morale douteuse habillée de quelques lambeaux pseudo-juridiques.

Est-ce ce sinistre anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv ? À l’aube du 16 juillet 1942, débutait à Paris l’arrestation par 7 000 policiers et gendarmes français, d’hommes, de femmes et d’enfants dont l’unique tort était d’être juifs.

Les 16 et 17 juillet 1942, exactement 78 ans avant ma garde à vue, 13 152 personnes dont 4 000 enfants de moins de 16 ans étaient appréhendées par la police. Tous étaient aussi innocents que moi.

Embarqués dans des autobus, les personnes seules et les couples sans enfants étaient convoyés vers le camp de Drancy, au nord de Paris. Les familles avec enfants étaient quant à elles dirigées vers le vélodrome d’Hiver, aujourd’hui disparu, rue Nélaton dans le XVème arrondissement de Paris. Plus de 8 000 personnes, dont une majorité d’enfants, s’y entassèrent pendant plusieurs jours dans des conditions sordides : pas de couchage, pas de nourriture ni d’eau potable, avec un éclairage violent jour et nuit, au milieu des cris et des appels de haut-parleurs. Seuls trois médecins et une dizaine d’infirmières de la Croix-Rouge, admirables, furent autorisés à intervenir.

Les familles du Vél d'Hiv seront transférées de la gare d'Austerlitz vers les camps d'internement de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, dans le Loiret. Au mois d'août suivant, les mères seront séparées de leurs enfants par les gendarmes et convoyées vers les camps d'extermination de Pologne. Les enfants seront à leur tour envoyés deux semaines plus tard à Auschwitz-Birkenau qui, depuis le début juillet, s’est transformé de camp de travail forcé en camp d'extermination à l'échelle industrielle.

Aucun n'en reviendra. Les internés de Drancy prendront également le chemin d'Auschwitz-Birkenau. Quelques dizaines tout au plus reviendront de l'enfer.

Même soleil, même insouciance de l’été, même horreur, toutes proportions gardées.

Seule la perspective pour moi de continuer à vivre fait la différence, mais est-ce une chance ?

Je ressens une détresse et un profond écœurement qui ne vont pas s’estomper dans les heures qui suivront.

 

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Je suis introduit dans une pièce sans âme, assez grande et relativement propre où se trouvent deux ou trois bureaux. Le flic patibulaire est assis derrière l’un d’entre eux, dans le coin au fond à gauche. Il me salue lorsque j’entre. Il semble occupé à je ne sais quelle tâche administrative. Il restera silencieux et occupé à cette tâche pendant toute la durée de l’interrogatoire.

Une policière, celle qui s’était assise à côté de moi dans la voiture poubelle, m’attend installée derrière son bureau, devant la fenêtre, à droite, face à la porte. Nous sommes le 17 juillet 2020 ; il est 11 heures 17.

La policière dont j’apprendrai plus tard qu’elle s’appelle Rita MORTEAU m’informe que compte tenu de la qualification criminelle des faits qui me sont reprochés, l’audition fera l’objet d’un enregistrement audio-visuel.

Pour se mettre en jambes, elle commence par me poser une série de questions auxquelles elle a déjà les réponses : nom, prénoms, date et lieu de naissance, filiation, nationalité, etc.

Puis vient une question anodine sur mes petits-enfants suivie par une interrogation qui me semble pleine de suspicion : « Vous les avez en garde chez vous parfois ? » Je réponds, conscient que la vérité alimente sa suspicion : « Non, les parents sont toujours là » J’en ai oublié le Noël 2019 que nous avons passé seuls avec ma petite-fille, âgée de 2 ans, mais il faut dire que c’était chez elle et non chez nous car ma fille et mon gendre travaillaient tous les deux ce jour-là.  Mais je m’en suis tenu à la stricte vérité ; la garde chez nous n’a jamais eu lieu en dehors de la présence des parents.

C’est une question de philosophie ; seule la vérité s’explique aisément. La vérité se conçoit bien mieux que le mensonge ; nul besoin de réfléchir ou d’élaborer un scénario compliqué et comme le disait Nicolas BOILEAU, « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément ». Je m’en tiendrai donc, tout au long de cette interrogatoire, à ce principe, persuadé que je parviendrai à faire entendre raison à mon interlocutrice en la convainquant de mon innocence par l’énoncé de la stricte vérité. Je prendrai conscience beaucoup plus tard que je me trompais lourdement.

Rita me demande ensuite de décrire tous les domiciles que nous avons occupés avec Christina. Je remonte donc à l’année 2002, date de notre installation, Christina et moi, dans un petit appartement de la banlieue ouest.

Pour plaisanter et détendre l’atmosphère je lui demande en riant si c’est pour vérifier si j’ai laissé des cadavres un peu partout. Elle me répond très sérieusement « Non, c’est juste pour connaître le parcours que vous avez eu depuis votre début de relation avec Christina ».

Insensible à mon humour, il faut dire très basique ce jour-là, la sinistre Rita reste concentrée sur son affaire.

Elle me pose ensuite un tas de questions sur ma situation administrative et financière, mes diplômes, ma carrière, mes revenus, ma voiture, mes propriétés, … Je me sens déjà un peu las. Combien de temps va durer cette mascarade ?

Et puis après une question anodine sur mes accès à Internet, elle entre soudainement dans le vif du sujet : « Allez-vous sur des sites de rencontre, si oui, lesquels ? »

Je réponds du tac au tac « On a utilisé donneurnaturel.com dans l’idée de trouver un donneur pour avoir un enfant » puis j’ajoute que nous nous sommes aussi inscrits sur un site libertin avec le même objectif mais non officiel puisque le but de ce site est le libertinage et non la procréation.

C’est rapide, tout est dit. J’ai l’impression d’être devant le tribunal de la Sainte Inquisition. J’ai avoué : je suis un infâme libertin, prêt à entraîner sa femme dans les pires turpitudes et l’alibi de l’enfant n’est qu’un subterfuge, une excuse pour justifier mes penchants coupables. C’est ce que je lis dans le regard de Rita. La vérité est différente, beaucoup plus subtile, bien évidemment. Il faut s’en tenir à ce que j’ai dit, rien de plus. Mais le biais de certitude est là : pour Rita, je suis coupable des pires horreurs. En conséquence, tout ce que je dis est interprété dans le sens qui confirme sa certitude. Je suis pris au piège. J’aurais dû me taire et réserver ma parole pour le juge d’instruction que je pensais (et continue à penser) moins sensible aux biais cognitifs car réputé beaucoup plus intelligent que le flic de base. Il paraît, en effet, que l’admission à l’École Nationale de la Magistrature est parmi les plus difficiles. Cette formation est réservée aux meilleurs. On peut donc avoir confiance. Mon avis deviendra plus nuancé par la suite. Il ne suffit pas d’avoir un cerveau pour s’en servir correctement.

La conversation se poursuit sur un ton banal. Rita veut connaître toutes mes boites-aux-lettres, les mots de passe, les réseaux sociaux que j’utilise, si je sais ce qu’est le Darknet et si je l’utilise, je lui réponds que j’en ai entendu parler mais que je ne l’utilise pas.

Elle passe ensuite à mon état de santé ; je lui décris mes problèmes cardiaques et les traitements que je dois prendre quotidiennement ; elle ne fait aucun commentaire. Suis-je suivi par un psychologue, un psychiatre, un psychanalyste ; je réponds sobrement « non ». « Souffrez-vous d’addictions ? » « Non, je n’ai pas d’addiction ».

Je dois ensuite décrire ma vie avec Christina depuis le début jusqu’à nos jours et expliquer pourquoi nous n’avons pas d’enfant alors que nous vivons ensemble depuis 20 ans.

 

Christina décida d’arrêter la pilule contraceptive en 2009. C’était en été. Son désir d’enfant était très fort ; je l’aime tellement que j’ai immédiatement accepté. J’étais moi-même enthousiaste à l’idée d’avoir un troisième enfant. En effet, j’ai 2 enfants adultes maintenant, issus d’un premier mariage.

Nous avons essayé en vain pendant des années. Au début Christina pensait que les échecs successifs étaient dus au fait que la pilule contraceptive avait détraqué son organisme et qu’avec le temps, tout rentrerait dans l’ordre.

En fait, c’était ma fertilité qui était en cause. L’âge, les médicaments contre la tension artérielle et le cholestérol avaient eu raison de la qualité de mes spermatozoïdes. Peu mobiles, peu nombreux et présentant un grand nombre d’anomalies, ils n’étaient plus capables de féconder un ovule naturellement.

Nous avons alors été orientés vers le docteur Charles ABRAHAM, un gynécologue spécialisé dans la PMA (Procréation Médicalement Assistée).

Nous avons découvert bien plus tard qu’il était surnommé le docteur Sinoque par bon nombre de ses patientes. La sénilité l’avait durement atteint. Il commençait à perdre la tête. Cela se manifestait par des troubles de la mémoire, une perte marquée de ses capacités intellectuelles, des troubles de l’humeur, une certaine aphasie.

Christina me le décrivait comme quelqu’un de taiseux, ne donnant jamais d’explications claires aux traitements qu’il prescrivait, s’agaçant qu’on lui pose des questions, s’emmêlant les crayons dans ses prescriptions. Deux mammographies prescrites à quelques semaines d’intervalle en sont un exemple parmi d’autres. Il faut savoir que l’examen des seins par mammographie ne doit être réalisé qu’une fois tous les deux ans sauf en cas de suspicion de tumeur cancéreuse, ce qui n’était pas le cas. Bien entendu le laboratoire de radiologie n’effectua pas la deuxième mammographie, l’exposition aux rayons X n’étant pas sans danger.

Mais Christina, un peu hypocondriaque, appréciait ce médecin car il lui donnait toutes les ordonnances qu’elle demandait sans discussion. Elle le consultait chaque mois, ce qui peut paraître délirant car la plupart des femmes ne voient leur gynécologue que tous les deux ans.

En fait, pour des raisons qui m’échappent encore, elle passait sa vie à l’hôpital amérindien de Clichy où il exerçait ou à son cabinet médical du 1er arrondissement. Elle consultait aussi de nombreux autres spécialistes à des tarifs que personnellement je trouve exorbitants : entre 120 et 150 euros la consultation. Mais n’ayant jamais rien refusé à Christina, je fermais les yeux. L’amour rend aveugle dit-on.

Christina a un caractère bien affirmé. Elle a toujours le dernier mot. Elle est également assez originale, ma fille par exemple la trouve un peu « perchée ». L’une de mes sœurs trouve que c’est une chieuse de première. Quand elle veut quelque chose, elle l’obtient. Ce qui n’empêche pas que toute la famille et les amis l’apprécient énormément car elle a le cœur sur la main. Elle sait recevoir dans notre manoir en organisant, avec moi, des fêtes grandioses. Je suis sûr que les anglais diraient d’elle que (compte tenu de son excentricité) c’est bien une française. Je l’aime, que dis-je, je l’adore telle qu’elle est.

En fait, la relation bizarre que Christina entretient avec le docteur ABRAHAM m’évoque un peu, toutes proportions gardées, l’un de mes sketches préférés de l’émission humoristique de Stéphane COLLARO « Cocoricocoboy » dans les années 80 : Le docteur Cynoque et Madame Foldingue joué par Philippe BRUNEAU et Claire NADEAU, qui n’était autre que sa véritable épouse dans la vie. J’étais mort de rire.

 

 

Mais aujourd’hui, je n’ai pas le cœur à rire. L’OPJ Rita MORTEAU me donne envie de vomir. Elle est très conne et obscène par ses questions.

Je continue donc à lui expliquer que suite aux échecs successifs des tentatives de PMA, d’abord sous forme d’inséminations artificielles avec mon sperme puis sous forme de FIV (Fécondation In Vitro) nous nous sommes orientés vers des donneurs naturels.  Les FIV furent au nombre de deux, il y avait bien fécondation des ovules et donc apparition d’embryons. Mais le transfert de l’embryon dans l’utérus de Christina ne donnait rien. L’embryon ne s’accrochait pas.

Échec sur toute la ligne. J’appris par la suite que le taux de réussite du docteur Charles ABRAHAM était parmi les plus faibles de la profession. Mauvais choix donc.

Un jour, nous étions sur l’autoroute de l’Ouest, Christina me proposa de faire appel à un donneur naturel en ayant des relations sexuelles avec un homme volontaire, dûment sélectionné et testé sur le plan sérologique, jusqu’à ce qu’elle « tombe » enceinte.

Elle connaissait mes tendances libertines et surtout mon candaulisme et s’attendait en conséquence à une acceptation de ma part. Elle avait raison ; j’acceptai sans problème. En fait j’étais doublement satisfait, avoir un enfant de Christina me rendait infiniment heureux et la voir prendre du plaisir avec un autre, ou du moins savoir qu’elle en prenait, m’excitait. Je crois même que sa proposition a provoqué une érection soudaine chez moi.

Bien qu’elle eût été au courant de mes fantasmes libertins et de mon vécu dans ce domaine, Christina et moi n’avions jamais eu ce genre d’expérience car elle n’en avait absolument pas envie. J’ai toujours respecté ses désirs en la matière.

L’OPJ Rita MORTEAU attaque maintenant dans le vif du sujet. « Au vu des faits qui vous sont reprochés, je vais maintenant poser des questions concernant votre sexualité »

À ce moment, je ne connais toujours pas les faits qui me sont reprochés.

Je m’attends au pire mais là, l’obscénité va aller croissant jusqu’à atteindre un point culminant parfaitement écœurant.

  • « Êtes-vous hétérosexuel, homosexuel ou bi-sexuel ? »

  • Je réponds : « bi-sexuel avec une forte préférence pour les femmes » ; j’ai envie d’ajouter « comme beaucoup d’hommes » mais je m’abstiens. Je suis sensible à la beauté, d’où qu’elle vienne. Et il faut reconnaître que certains hommes sont vraiment très beaux et attirants, surtout lorsqu’ils sont jeunes. Delà à vivre une passion amoureuse, je ne pense pas. Je ne me vois absolument pas vivre avec un homme ou jouer les fofolles ou les pédés virils et poilus dans le quartier du Marais. Ce qui m’attire est plus subtil, c’est les plans à trois où un bel homme s’occupe de ma femme et moi aussi. Ce que l’on appelle le candaulisme et suppose, à mon avis, une part d’homosexualité. Les purs hétérosexuels ne partagent pas, c’est bien connu. En résumé, je suis un bi-sexuel léger, libertin et adepte du candaulisme, ce que j’assume parfaitement. À l’opposé, Christina est une pure hétérosexuelle ; le sexe féminin l’écœure et elle ne partage pas. Elle aime les hommes imposants, virils, ayant du charisme. Son père raconte, avec beaucoup d’humour, que si tu ne fais pas au moins 110 kg avec le crâne rasé et une grande balafre au milieu de la figure, inutile d’essayer avec elle, tu n'as aucune chance. Elle n’est pas indifférente, non plus, à une certaine réussite sociale et a toujours rejeté les faibles, ceux qu’elle appelle les petits oiseaux déplumés, et les traîne-savates qu’elle méprise. Elle a toujours ciblé les mâles alpha, ce qui m’apparaît comme un comportement féminin standard. La femelle sélectionne, le mâle essaime ; c’est la loi naturelle qui permet la reproduction et l’amélioration de l’espèce. Cela explique aussi le hiatus séparant les hommes des femmes. La femme qui a dépensé une énergie considérable pour sélectionner l’homme de ses rêves afin d’assurer sa descendance et sa protection souffre horriblement des infidélités de son mari qui lui, est programmé pour disséminer ses gamètes le plus largement possible.

 

  • « Avez-vous déjà eu une relation sexuelle avec les hommes ? »

Il me semble avoir déjà répondu à cette question et je ne vois pas le rapport avec des faits qui me seraient reprochés ; le délit d’homosexualité a été aboli par le regretté Robert BADINTER il y a plus de 40 ans. Sommes-nous devant le tribunal de la « Sainte Inquisition » ? Vais-je être brûlé sur un bûcher ? Rita MORTEAU sait-elle que l’homophobie est un délit ? Je réponds donc sobrement « Oui »

 

  • « Seul à seul ou en plan à trois ? » Visiblement elle veut en savoir plus ! Je lui réponds « Les deux ; j’étais beaucoup plus jeune, c’était à l’époque étudiante » et lui précise même « Quand on est jeune, on tire un peu dans tous les sens ». Elle reste de marbre, très concentrée sur sa tâche. Elle a toujours l’air aussi con.

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